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Le Démon de Midi
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13 février 2011

Souvenirs, souvenirs...

A la demande générale (d'une bonne amie) un extrait de "Trois filles et leur Mère" de Pierre Louÿs !

Charlotte n’était plus la même. Elle était gaie, elle avait changé de visage et si j’avais été son ami le plus intime, elle ne m’aurait pas conté sa vie avec plus de franchise et d’abandon.
« À propos d’école primaire, j’y suis allée à dix ans. Ricette est la seule de nous trois qui ait été élevée dans un “pensionnat de jeunes demoiselles” avec des petites filles du monde qui font le soir leur prière avant de se bouffer le chat.
« Moi, j’allais à l’école de mon quartier et j’étais une de celles qui se conduisaient le mieux, tu devines pourquoi. À la sortie, il y en avait qui allaient se peloter dans les terrains vagues, ou faire des saloperies avec la fille de la crémière qui voulait bien montrer ses poils à celles qui lui passaient la langue dans le cul ; ou surtout jouer avec les garçons qui se laissaient tirer la pine.
« Mais tu penses que, moi, je n’étais pas curieuse d’aller voir une pine ou une fille poilue. Et puis, maman m’attendait. La classe finissait à quatre heures et quart. Je n’avais que le temps de rentrer.
« L’année suivante, j’ai fait une première communion comme on n’en fait guère. Un ami qui montait sur moi trois fois par semaine s’est amusé à m’apprendre un catéchisme de sa composition qu’il me faisait réciter. Ce n’étaient que des ordures et il y en avait seize pages. Le matin de la cérémonie, il est venu à sept heures et il a voulu que je le suce pour que j’aie du foutre dans l’estomac… Maman disait que, dans ces conditions-là, ce n’était pas la peine de faire ma première communion ; mais il a donné cent francs et alors… Et ce n’était que le commencement. Quelle journée ! Je peux dire que c’est mon vrai début ! Tous mes amants voulaient m’avoir sous ma robe de communiante et ils voulaient tous m’enculer ! Il en est venu douze, vois-tu ça ? Ce jour-là, nous n’avons dîné qu’à neuf heures du soir. J’avais été enculée cinq fois ! cinq fois ! et j’avais sucé quatre hommes ! et les trois autres avaient déchargé je ne sais pas comment, mais ma belle robe blanche était pleine de foutre comme la jupe d’une pierreuse. Ah ! je m’en souviendrai, de ma première communion ! »
Charlotte hocha la tête avec un sourire consolé. Sa tristesse avait disparu. Elle parlait avec entrain et, comme les jeunes filles qui ne savent pas conter, elle gâta l’effet suivant en essayant de le préparer, mais cela ne fit que souligner l’ingénuité de son récit.
« Tu ne t’attends guère à ce que je vais te dire, maintenant, mais vraiment j’ai tout vu dans ma putain de vie ! Un an plus tard, je me suis fait foutre de moi par cinq gamines parce que j’étais pucelle ! »
J’avoue en effet qu’au point où nous en sommes du récit de Charlotte, si j’attendais un coup de théâtre, ce n’était pas celui-là.
« Je t’ai promis, dit-elle, l’histoire de tous les poils de mon cul. Elle ne fait que commencer. J’avais douze ans et il y avait quatre ans que j’étais putain, quand mes poils se sont mis à pousser. Ah ! ça n’a pas été long ! Au bout de six mois, j’étais poilue comme une femme.
« Tu commences à me connaître un peu. Je n’ai jamais été une de ces filles passionnées qui vous prennent la main en disant : “Je bande !” Non, je ne bande pas, mais je mouille pour rien. Quand je mouille, j’ai envie de me branler. Et quand j’ai envie de me branler, je me branle. »
Elle rit en se renversant. Sa bonne humeur la transformait.
« Donc, c’est à douze ans que j’ai pris l’habitude de me branler autant que je pisse et maintenant ce n’est pas assez dire car, aujourd’hui par exemple, je ne pisse pas si souvent que je me fais décharger.
« Maman m’a conseillé de me branler toujours quand on m’enculerait, évidemment, mais elle était contente de voir que je me branlais même devant elle, et comme je m’y prenais mal, elle a eu la patience de me l’apprendre elle-même, d’abord avec son doigt et puis avec le mien. Faut-il que je sois gourde tout de même ! Quand je pense que je n’aurais même pas su me branler toute seule si maman n’avait pas tenu ma main dans la sienne !
« En ce temps-là, j’allais toujours à l’école et nous habitions un quartier de Marseille, où il n’y avait guère de putains, mais encore moins de pucelles. Je crois que toutes les gamines de l’école baisaient : les unes avec leurs frères, les autres avec leurs pères, leurs cousins, leurs voisins… J’en connaissais une qui avait dix ans et qui se vantait de tirer plus de six coups tous les soirs, en levrette, contre une palissade, dans un chantier en construction… j’en connaissais une autre qui s’appelait Clara, maigre comme un petit squelette, on lui voyait les os des fesses et elle n’avait pas un poil. Elle a raconté devant moi, en pleurant, à une femme de quarante ans, qu’elle couchait toutes les nuits entre ses deux frères et qu’ils lui faisaient ça ensemble, tant ils étaient pressés, l’un par-devant, l’autre par-derrière, et la femme lui a répondu : “Je voudrais bien être à ta place !” Ah ! j’en ai, des souvenirs d’enfance…
« Enfin, j’étais donc un jour à l’école dans un coin du préau, avec cinq copines, et chacune racontait comment elle se branlait. Quand j’ai dit (sans parler de maman) que je me fourrais une bougie dans le cul pendant que je me frottais le bouton, elles ont trouvé ça épatant et elles m’ont invitée dans un petit jardin, chez l’une d’elles qui s’appelait Régine. On se montrerait tout, on se branlerait ensemble, on s’amuserait comme des reines. Justement, ce jour-là, maman devait sortir. J’ai suivi mes petites copines. Et alors…
« Ah ! qu’est-ce qui m’est arrivé !… II faut te dire que par-devant j’avais un de ces pucelages comme on n’en fait guère : juste de quoi passer un crayon. Les cinq ont levé leurs jupes d’abord : elles étaient toutes dépucelées ; les trois plus jeunes n’avaient pas de poils et les deux autres, un simple duvet. Quand elles ont ouvert à la fois ma touffe noire et mon pucelage, elles se sont mises à rire, mais à rire ! Un pucelage avec du poil autour, elles n’avaient jamais vu ça. Crois-tu qu’elles en ont fait une ronde autour de moi et comme les petites filles sont capables de répéter deux cents fois la même connerie, elles répétaient sans cesse : “La pucelle à barbe ! la pucelle à barbe ! la pucelle à barbe ! la pucelle à barbe !”

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Commentaires
C
Ce roman, car il s'agit bien d'un roman, est en vente dans toutes les bonnes librairies. La couverture, en collection de poche, est parfaitement neutre et on peut donc le lire même dans le métro sans risque de se faire accuser d'outrage aux bonnes moeurs!<br /> Bises!
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G
J'avoue que je ne l'ai pas encore lu ... Mais mon message n'était qu'un clin d'oeil, je sais que c'était une invitation de Chantal. <br /> Je vous dirai quand je l'aurai lu ...<br /> En attendant bises à vous deux !
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C
Merci d'avoir répondu à mon invitation de citer encore Pierre Louÿs. Ce n'était en effet qu'une invitation, pas une demande qui ne semble pas "générale" si je lis bien!!!<br /> Dans la période actuelle de retour au "correct", penser correct, manger correct, baiser et jouir correct, il me semble important de connaître un peu ceux qui ont dénoncé les codes moraux imposés par les "intégristes" de tous bords, par la bourgeoisie. Plus que des provocateurs pornocrates, Louÿs mais aussi Apollinaire, Bataille et beaucoup d'autres ont été des révolutionnaires, leur arme étant la littérature et l'art en général.<br /> Bises Domi!
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D
...mais que penses-tu du texte lui même ?
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G
Drôle de conception de la demande générale ...
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