Souvenirs, souvenirs...
A la demande générale (d'une bonne amie) un extrait de "Trois filles et leur Mère" de Pierre Louÿs !
Charlotte n’était plus la même. Elle
était gaie, elle avait changé de visage et si j’avais été son ami le
plus intime, elle ne m’aurait pas conté sa vie avec plus de franchise
et d’abandon.
« À propos d’école primaire, j’y suis
allée à dix ans. Ricette est la seule de nous trois qui ait été élevée
dans un “pensionnat de jeunes demoiselles” avec des petites filles du
monde qui font le soir leur prière avant de se bouffer le chat.
« Moi, j’allais à l’école de mon
quartier et j’étais une de celles qui se conduisaient le mieux, tu
devines pourquoi. À la sortie, il y en avait qui allaient se peloter
dans les terrains vagues, ou faire des saloperies avec la fille de la
crémière qui voulait bien montrer ses poils à celles qui lui passaient
la langue dans le cul ; ou surtout jouer avec les garçons qui se
laissaient tirer la pine.
« Mais tu penses que, moi, je n’étais
pas curieuse d’aller voir une pine ou une fille poilue. Et puis, maman
m’attendait. La classe finissait à quatre heures et quart. Je n’avais
que le temps de rentrer.
« L’année suivante, j’ai fait une
première communion comme on n’en fait guère. Un ami qui montait sur moi
trois fois par semaine s’est amusé à m’apprendre un catéchisme de sa
composition qu’il me faisait réciter. Ce n’étaient que des ordures et
il y en avait seize pages. Le matin de la cérémonie, il est venu à sept
heures et il a voulu que je le suce pour que j’aie du foutre dans
l’estomac… Maman disait que, dans ces conditions-là, ce n’était pas la
peine de faire ma première communion ; mais il a donné cent francs et
alors… Et ce n’était que le commencement. Quelle journée ! Je peux dire
que c’est mon vrai début ! Tous mes amants voulaient m’avoir sous ma
robe de communiante et ils voulaient tous m’enculer ! Il en est venu
douze, vois-tu ça ? Ce jour-là, nous n’avons dîné qu’à neuf heures du
soir. J’avais été enculée cinq fois ! cinq fois ! et j’avais sucé
quatre hommes ! et les trois autres avaient déchargé je ne sais pas
comment, mais ma belle robe blanche était pleine de foutre comme la
jupe d’une pierreuse. Ah ! je m’en souviendrai, de ma première
communion ! »
Charlotte hocha la tête avec un sourire
consolé. Sa tristesse avait disparu. Elle parlait avec entrain et,
comme les jeunes filles qui ne savent pas conter, elle gâta l’effet
suivant en essayant de le préparer, mais cela ne fit que souligner
l’ingénuité de son récit.
« Tu ne t’attends guère à ce que je
vais te dire, maintenant, mais vraiment j’ai tout vu dans ma putain de
vie ! Un an plus tard, je me suis fait foutre de moi par cinq gamines
parce que j’étais pucelle ! »
J’avoue en effet qu’au point où nous en
sommes du récit de Charlotte, si j’attendais un coup de théâtre, ce
n’était pas celui-là.
« Je t’ai promis, dit-elle, l’histoire
de tous les poils de mon cul. Elle ne fait que commencer. J’avais douze
ans et il y avait quatre ans que j’étais putain, quand mes poils se
sont mis à pousser. Ah ! ça n’a pas été long ! Au bout de six mois,
j’étais poilue comme une femme.
« Tu commences à me connaître un peu.
Je n’ai jamais été une de ces filles passionnées qui vous prennent la
main en disant : “Je bande !” Non, je ne bande pas, mais je mouille
pour rien. Quand je mouille, j’ai envie de me branler. Et quand j’ai
envie de me branler, je me branle. »
Elle rit en se renversant. Sa bonne humeur la transformait.
« Donc, c’est à douze ans que j’ai pris
l’habitude de me branler autant que je pisse et maintenant ce n’est pas
assez dire car, aujourd’hui par exemple, je ne pisse pas si souvent que
je me fais décharger.
« Maman m’a conseillé de me branler
toujours quand on m’enculerait, évidemment, mais elle était contente de
voir que je me branlais même devant elle, et comme je m’y prenais mal,
elle a eu la patience de me l’apprendre elle-même, d’abord avec son
doigt et puis avec le mien. Faut-il que je sois gourde tout de même !
Quand je pense que je n’aurais même pas su me branler toute seule si
maman n’avait pas tenu ma main dans la sienne !
« En ce temps-là, j’allais toujours à
l’école et nous habitions un quartier de Marseille, où il n’y avait
guère de putains, mais encore moins de pucelles. Je crois que toutes
les gamines de l’école baisaient : les unes avec leurs frères, les
autres avec leurs pères, leurs cousins, leurs voisins… J’en connaissais
une qui avait dix ans et qui se vantait de tirer plus de six coups tous
les soirs, en levrette, contre une palissade, dans un chantier en
construction… j’en connaissais une autre qui s’appelait Clara, maigre
comme un petit squelette, on lui voyait les os des fesses et elle
n’avait pas un poil. Elle a raconté devant moi, en pleurant, à une
femme de quarante ans, qu’elle couchait toutes les nuits entre ses deux
frères et qu’ils lui faisaient ça ensemble, tant ils étaient pressés,
l’un par-devant, l’autre par-derrière, et la femme lui a répondu : “Je
voudrais bien être à ta place !” Ah ! j’en ai, des souvenirs d’enfance…
« Enfin, j’étais donc un jour à l’école
dans un coin du préau, avec cinq copines, et chacune racontait comment
elle se branlait. Quand j’ai dit (sans parler de maman) que je me
fourrais une bougie dans le cul pendant que je me frottais le bouton,
elles ont trouvé ça épatant et elles m’ont invitée dans un petit
jardin, chez l’une d’elles qui s’appelait Régine. On se montrerait
tout, on se branlerait ensemble, on s’amuserait comme des reines.
Justement, ce jour-là, maman devait sortir. J’ai suivi mes petites
copines. Et alors…
« Ah ! qu’est-ce qui m’est arrivé !… II
faut te dire que par-devant j’avais un de ces pucelages comme on n’en
fait guère : juste de quoi passer un crayon. Les cinq ont levé leurs
jupes d’abord : elles étaient toutes dépucelées ; les trois plus jeunes
n’avaient pas de poils et les deux autres, un simple duvet. Quand elles
ont ouvert à la fois ma touffe noire et mon pucelage, elles se sont
mises à rire, mais à rire ! Un pucelage avec du poil autour, elles
n’avaient jamais vu ça. Crois-tu qu’elles en ont fait une ronde autour
de moi et comme les petites filles sont capables de répéter deux cents
fois la même connerie, elles répétaient sans cesse : “La pucelle à
barbe ! la pucelle à barbe ! la pucelle à barbe ! la pucelle à barbe !”